CANON 1DMARK 3

 

Rémy Courseaux en partenariat avec Audiofil-foto

vous présente le tout nouveau boitier pro de chez Canon : le 1DMARK3.
Sans être exhaustive, cette fiche de terrain vous permettra d’avoir les premières impressions dans le domaine de la photographie animalière.

Dans cet article, j’ai pris 2 boitiers comme référence ; Le Canon 1Dmark2 et le Canon 5D, boitiers avec lesquels j’ai travaillé plusieurs années simplement pour avoir quelques éléments de comparaisons.
Ces appareils restent encore « accessibles » aux amateurs experts.


Caractéristiques techniques:

- APN type reflex.
- Format de capteur 28,1 X 18,7mm (coëf 1.3 par rapport au 24x36mm).
- Type de capteur CMOS
- Résolution du capteur 10 millions de pixels effectifs.
- AF à 19 collimateurs en croix + 26 collimateur d’assistance (total 45 collimateurs)
- Obturateur à 10 images/seconde
- Fonction Anti-poussières
- Boitier magnésium tropicalisé
- Poids : 1100gr.
- Ecran arrière 3 pouces.
- Sensibilité de 100 à 3200 iso (50 à 6400 iso par fonction personnalisée)
- Buffer : 110 images en Jpeg et 30 images en RAW.

Première impression :

Au premier abord, les utilisateurs de la série 1 pro n’auront pas de grande surprise à la première prise en main si ce n’est l’écran géant sur lequel tous les photographes on déjà tapé leur nez en y laissant quelques traces assez grasses ;-)
A la prise en main du boitier, on sent que beaucoup de détails ergonomiques ont été revu ainsi que la sensation bien agréable de légèreté comparé à son prédécesseur, le 1Dmark II.
Si l’on s’intéresse de plus prêt à ce boitier haut de gamme, on constate l’apparition d’une touche « Set » au milieu de la roue arrière et un joypad façon 5D. Le sabot de flash a été revu et repose sur un support en plastique certainement pour améliorer l’étanchéité à ce niveau. La batterie est beaucoup plus compact et donc plus légère que les anciennes séries.
Des modifications sans fioritures mais qui apportent réellement un plus dans l’ergonomie et l’utilisation sur le terrain.

Paramètrage du boitier :

La première démarche est d’aller se « promener » dans les différents menus afin de définir quelques paramètres de base dans la configuration du boitier.
9 menus avec des sous-menus sont accessibles facilement à l’aide de la molette sur le dessus du boitier et de la roue arrière. La navigation est intuitive, simple et efficace ! Un gain de temps énorme par rapport aux boitiers pros de la série précédente. Ceux qui possèdent déjà un 5D ne seront pas perdus et pourront configurer leur boitier sans même regarder la notice !
Petit détail esthétique, les pictogrammes utilisés font un peu « simpliste » et pas très pro.
Par défaut à chaque mise en route, vous avec droit à un feu d’artifice sur l’écran qui indique le nettoyage du capteur. En effet de nombreuses étoiles scintillent de part et d’autre de l’écran pendant le nettoyage.
Je ne rentrerai pas dans le détail des paramètres, la notice étant faite pour cela. Simplement, il faut retenir que quelques minutes suffiront pour bien paramétrer son boitier et commencer à faire des images.

Sur le terrain :

Fidèle à mon 500mm IS, me voilà parti pour des essais sur le terrain. Travaillant habituellement avec un 5D Full Frame et très souvent avec le multi 1,4 pour avoir environ 700mm de focale, il est appréciable avec le 1DMark 3 d’avoir une « focale » sensiblement équivalente (en réalité un angle de champs équivalent) sans multi grâce au coëf 1,3 du capteur. D’autant plus que l’on gagne 1 diaph en ouverture, F/4 au lieu de F/5,6.
Premier constat, la visée est très claire et lumineuse mais le dégagement oculaire est un peu juste pour un porteur de lunette comme moi. Le verre des lunettes collé à l’œilleton, je vignette sur les bords de champs. Un effort aurait pu être fait de ce côté.
Pas de doute, l’AF est véloce, nerveux en toutes circonstances, il accroche bien le sujet, et ce, quelque soit le collimateur sélectionné. A ce titre, c’est peut-être le moment de préciser que le fameux joypad si pratique pour sélectionner rapidement un capteur AF sur le 5D ne permet pas de le faire sur le 1DMark 3 ! Pourquoi Canon n’a pas jugé nécessaire de reprendre cette fonction si pratique ?
En fait le joypad permet par une simple pression de sélectionner le capteur AF central (éventuellement un capteur sélectionné dans les fonctions personnalisées), ou de revenir rapidement à la sélection de la couronne complète. D’autres fonctions lui sont attribuées pour le live view et les menus.

Le bruit au déclenchement, critère important pour un photographe animalier, est moins important qu’un 1Dmark 2 mais plus important qu’un 5D. À chaque déclenchement les lapins courent aux abris !
J’ai donc utilisé la fonction « mode silencieux » et là, tout rentre dans l’ordre. Le déclenchement est très doux car le miroir redescend doucement ce qui obscurcit par ailleurs la visée pendant quelques millisecondes qui paraissent longues ;-)

Quelques remarques s’imposent:

Après avoir pris l’habitude de jouer avec la roue arrière et la molette supérieure pour sélectionner mon capteur AF, j’ai constaté des comportements de l’autofocus très différents en fonction du sujet photographié et du mode AF utilisé.
Certains connaissent mon style de photographie plutôt orienté sujet animalier dans son ambiance que plans serrés. Mes sujets sont aussi assez souvent statiques, car la faune locale ne me permet pas souvent d’avoir des comportements (mouvements) qui nécessitent le travail en AI servo. C’est Pourtant dans ce domaine que le 1Dmark excelle ! N’ayant pas d’autres sujets sous la main, je me suis amusé à prendre des poules en mouvement, et croyez moi, en terme de rapidité et de mouvements aléatoires quand elles vont chercher un bout de pain j’ai été servi ;-)

J’ai dans ces circonstances, fait appel à toutes les capacités d’autofocus du boitier ! En mode AI servo et sélection de la couronne, le résultat est impressionnant ! Le nombre d’images nettes est très élevé. Ce boitier est une formule 1 dans ce domaine. Dans certains cas, ouverture d’objectif, lumière, sujet, il faudra paramétrer l’AF précisément pour avoir les meilleurs résultats. Comme par exemple, sélectionner l’assistance des collimateurs latéraux (non visible dans le viseur) autour d’un collimateur sur des sujets en faible lumière et peu contrastés….

Je reviens à mes lapins au terrier :

Le mode de travail est bien différent. Un sujet assez statique dans l’ensemble, qui nécessite une utilisation différente de l’AF.
J’ai essayé différentes possibilités d’AF et j’ai constaté un problème bien mis en évidence avec ce type de sujet. Le but étant de faire précisément le point sur le lapin (voir image), j’ai sélectionné 1 collimateur en one shoot. Quelque soit le paramétrage de l’AF, j’ai constaté que sur un grand nombre d’images, la mise au point n’était pas forcément sur l’œil du lapin.
J’ai effectué les mêmes prises de vue avec le 5D et le multi pour avoir une focale équivalente, et quand vous passez d’un boitier à l’autre, une évidence apparait :
Le collimateur AF du 1Dmark est plus grand et couvre une surface plus importante dans le viseur que celui du 5D qui parait minuscule noyé dans son format 24x36 !
On peut supposer, que sur un petit sujet et une mise au point extrêmement précise à un endroit donné, le 5D est plus précis de part la taille minuscule de ses collimateurs ! (voir image collimateur)

TAILLE CAPTEUR AF CANON 1 DMARK 3

TAILLE CAPTEUR AF CANON 5D

Qu’en est-il de la mise au point manuelle ?

j’ai monté mon 100 macro pour aller en billebaude aux papillons:

J’ai du me rendre très vite à l’évidence, la mise au point visuelle est très difficile ! Le verre de visée est tellement lumineux et claire que j’étais souvent incapable de déterminer le moment précis où j’étais nette. J’ai eu beaucoup de perte, et là encore, ce phénomène est conforme à ce que j’avais déjà constaté avec le 1Dmark 2.
Je peux dire aussi que le 5D me donne un taux de réussite en mise au point manuelle de 95% ! Oui le verre est plus granuleux et l’œil accommode sûrement moins facilement.
Ce problème peut être facilement résolu par le changement du verre de visé (Ec-S dépoli de grande précision).

Un doute subsiste :

En regardant ma production d’image de sujet en ambiance, beaucoup d’images avaient un problème de mise au point. J’ai donc vérifié le calage de l’AF avec mon 500mm pour voir si je n’avais pas un « front » ou « back focus ».
J’ai constaté la chose suivante. Le calage du point se fait au bon endroit, mais la PDC n’est répartie pratiquement que sur l’avant du sujet. Une des grosses innovations de ce boitier est justement de pouvoir régler son focus, et ce pour 20 objectifs !
Je me lance dans cette opération d’une simplicité enfantine et je cale mon AF à +5 pour retrouver une PDC répartie sur l’avant et l’arrière du sujet.
Les gradations vont de +10 à -10 :
Le « plus » recule le calage de l’AF et le « moins » avance le calage de l’AF.
Ceci étant dit, le boitier + optique n’était pas mal callé mais c’était très limite !

FOCUS 0


FOCUS + 8

Est-ce que cela aurait pu influencer la précision de mise au point sur mes lapins en One Shoot ?
En tout état de cause, si votre « gros » capteur AF ne couvre pas précisément le sujet, vous êtes moins précis sur celui-ci.

Les images :

Qu’en est-il de la qualité d’image :
Pour avoir utilisé un 1Dmark2 et actuellement un 5D, j’ai un avis assez précis du sujet même si ce n’est pas confirmé sur mire avec des procédures mesurées.
En terme de résolution, ce boitier se rapproche plus du 1Dmark 2 (8 millions de pixels) même s’il a un potentiel plus élevé que du 5D (12,8 millions de pixels). J’ai l’impression que lorsque l’on franchit la barre des 10 millions, il se passe quelques chose visuellement sur le rendu de l’image, effet moins numérique, moins d’accentuation, rendu d’image, dégradé, douceur plus « naturelle »
Sur ce point, le 5D convient mieux à mon travail de terrain et au sens artistique de mes images.
Petite précision, les images du 1Dmark 3 sont très douces au dématricage ! Pour ne pas dire floues ! Préférez un paramètre à 3 pour avoir un aspect visuel plus cohérent! Sinon c’est le « flou » le plus total !
La colorimétrie est excellente et cohérente dans la gamme Canon. Ce qui est vraiment bien car l’utilisateur d’un 5D, d’un 1Dmark 2 et d’un 1DMark 3 aura une production homogène sans se poser de question.
Le bruit sur des fichiers en haute sensibilité a lui aussi été mieux géré. Je dis mieux gérer car pour moi il n’y a pas une révolution par rapport au 5D.
A mon sens et à la vue des images de sensibilité égale sur les 2 boitiers, le 1DMark 3 a moins de bruit chromatique, ce qui fait que les ombres sont un peu moins colorées.
Concernant la dynamique, idem, je n’ai pas trouvé non plus de révolution même si le DSP travaille sur 14 bits. La gestion de l’expo est très pointue cela me rappelle mon 1Dmark2 beaucoup moins « confortable » qu’un 5D !
Les hautes lumières « brûles » assez vite…..Une fonction personnalisée permet d’étendre la dynamique dans les hautes lumières mais au détriment des basses lumières plus bruitées.
D’où mes doutes sur cette dynamique étendue….

Les bugs de jeunesse :

Comme tout nouveau boitier, j’ai constaté quelques bugs de jeunesse qui seront certainement corrigés avec les mises à jour du firmware.
Je n’ai pas la certitude d’une mauvaise manip de ma part, mais c’est ce que je constate au premier abord :

• Si la fonction C.FnIV-2 est activée : « Fonction intervertir la touche AF-On avec la touche étoile (mémorisation de l’expo) », vous pouvez donc activer ou débrayer l’AF par la touche étoile. Mais comme celle-ci sert aussi en mode lecture à dézoomer l’image, si vous appuyez pour dézoomer, vous sortez du mode lecture et activez ou non l’AF.
En clair, vous ne pouvez plus dézoomer !

• Si vous activez l’éclairage des collimateurs AF pour confirmer le point, ceux-ci sont extrêmement lumineux et gênent la visée. Pourtant ma fonction C.FnIII-13 était réglée en mode normale.

• Joypad non utilisable pour sélectionner les capteurs AF. Je reviens dessus car je suis certain que l’on peut par firmware lui attribuer cette fonction si pratique !


Quelques souhaits personnels :

- Pourquoi les constructeurs se bornent à faire des chargeurs de batterie si énormes et intransportables ?
- Pourquoi avoir collé le joypad si prêt de l’écran LCD qui de par son bossage gêne la sélection vers la gauche ? Il vaut mieux avoir de petites mains ;-)
- Pas de fonction AI Servo qui permettrait dans la pratique de détecter un sujet statique et un sujet en mouvement automatiquement.
- Le verre de visée n’est pas assez précis pour un usage polyvalent
- Pourquoi avoir mis un bouchon de transmetteur Wifi si facile à perdre ?


Mes conclusions :

Je précise qu’il est toujours délicat de tirer une conclusion hâtive avec un boitier avec lequel on n’a pas réalisé quelques milliers de photos et ce, dans des conditions différentes tant de lumière, de sujets que de situations pour connaitre parfaitement les réactions de son boitier.

Le 1DMark 3 est un outil professionnel d’une haute technicité, pensé et étudié pour le photographe mais il est aussi pointu qu’une formule 1 !

On ne peut tirer la quintessence d’un tel appareil qu’en ayant une bonne connaissance de ses possibilités, sinon on peut très vite remettre en cause ses réelles qualités.
On peut aussi se poser la question dans l’autre sens :

Un boitier pro se doit-il d’offrir d’énormes possibilités difficilement maîtrisables à la première prise en main ?

Un boîtier pro ne doit- il pas être performant instantanément, offrant ainsi à son utilisateur une haute technicité sans se poser trop de questions ?

Chaque photographe en fonction de son domaine de prédilection et de ses compétences apportera sa réponse.
La gamme d’APN Canon a l'avantage d'offrir un large choix technique allant de l’APS au Full Frame qui permet de choisir son boitier en fonction de son travail photographique.

Le 1Dmark 3 est un boitier Pro, conçu pour le sport, domaine dans lequel son niveau de performance n’a pas de concurrent !


Rémy Courseaux


 

 


 







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